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Najib Baouia : “Vivre une finale de Coupe de France, c’est extraordinaire

Natif d’El M’Ghair en Algérie, Najib Baouia évolue aujourd’hui en National 3 à l’AS Saint-Priest. À 31 ans, il a décroché avec ses coéquipiers une qualification pour les 8ème de finale de la Coupe de France en éliminant ce dimanche Romorantin, club de N2. C’est un record pour le club. Il revient sur son passage en professionnel, son parcours au niveau national et son rapport avec la compétition dans laquelle il est toujours en lice.

Vous commencez le foot en France à l’AS Buers Villeurbanne, que représente ce club pour vous ?

“J’ai commencé le foot tard, avant j’étais en alternance dans le monde du BTP. L’AS Buers Villeurbanne représente énormément de choses, car c’est là où je commence le football. C’est mon premier club de cœur. C’est la première maison qui m’a lancé dans le football, c’est tout pour moi. S’il y a bien un club que je dois remercier, c’est celui de Villeurbanne.”

En 2011, vous signez à Caluire pour votre première année dans le monde senior. La saison suivante, vous intégrez la réserve d’Evian Thonon Gaillard. Comment s’est déroulé ce transfert ?

“A Caluire, j’ai eu la chance de faire une bonne saison. À la fin de cette saison, j’ai eu beaucoup de clubs de la région qui me voulaient. Mais mon coach à cette époque m’appelle et me dit qu’il a trouvé une détection à Evian. Pour lui, j’avais mes chances même si auparavant, je n’étais pas passé en centre de formation. Pendant une semaine, j’ai fait les essais en m’entraînant avec le groupe pro puis j’ai signé en tant qu’amateur avec la réserve.”

Vous arrivez à Thonon, club professionnel à l’époque en intégrant la réserve. Quels étaient vos objectifs lors de votre arrivée ?

“Je n’avais aucun objectif, c’était un rêve. Avec le parcours que j’ai eu, je ne me posais aucune question, mon seul but était de jouer au foot avec les entraînements tous les jours. Une fois que j’ai intégré le groupe professionnel, ce n’était plus pareil. Je voulais me mettre au boulot pour aller chercher des apparitions voir des titularisations.”

Deux ans plus tard, vous intégrez le groupe pro en Ligue 1. Est-ce une consécration après deux saisons pleines avec l’équipe réserve ?

“Franchement, c’est extraordinaire. Aujourd’hui vivre du football et de sa passion, c’est beau. Mais le parcours avant d’en arriver là rend les choses encore plus belles. Je suis né en Algérie, une fois arrivé en France, il fallait apprendre la langue, je n’ai jamais fait de centre de formation aussi. C’était vraiment une consécration.”

Vous disputez seulement cinq matchs en deux ans. Comment expliquer ce faible temps de jeu et la manière dont vous l’avez vécu ?

“C’était compliqué parce que je me retrouve avec des stars qui ont eu une grande carrière et de gros clubs sur le CV. Moi, j’arrive de nulle part. Donc je ne pouvais rien dire, juste gratter du temps de jeu et profiter. Collectivement, c’est une belle période. C’est toujours bien de faire partie du groupe qui est allé en finale de Coupe de France contre Bordeaux (défaite 3-1). Même si je ne l’ai pas joué, c’était extraordinaire surtout que j’apprends tard que j’allais être dans le groupe parce qu’il y avait des incertitudes. C’était une superbe expérience.”

Après cette expérience dans les Alpes, vous rejoignez la réserve du RC Lens. La situation compliquée du club est-elle la raison de votre départ dans le Nord ?

“La raison était que je n’avais pas de clubs et Evian voulait me prêter. Mais c’était difficile parce que comme évoqué avant, je n’avais pas fait beaucoup de matchs en Ligue 1. Lens voulait que je vienne, mais en réserve parce que le groupe professionnel était déjà au complet. Tout ça même si j’avais signé en tant que professionnel et que je m’entraînais avec les pros, je jouais avec la réserve. Mais par la suite, cela s’est moins bien passé parce que le coach, Alain Casanova, jouait en 3-5-2, un système qui ne me plaisait pas. Avec mon opération pour une pubalgie, je n’ai pas pu véritablement m’exprimer.”

En 2017, vous signez au SO Cholet, club où vous restez jusqu’en 2020. Comment jugez-vous les 3 saisons que vous avez passées ?

“En un mot : magnifique. Je ne pensais pas vivre une aussi belle année après une saison blanche. Le président et l’entraîneur de Cholet (à ce moment-là en National, NDLR) me voulaient vraiment depuis un moment et ont contacté mes agents. J’ai eu la confiance du coach, ça, c’est bien passé, j’ai joué toute la saison et c’était magnifique parce que j’ai pu tout enchaîner. Pendant les 3 saisons tout, c’est bien passé, à part la deuxième où je me fais les ligaments croisés, mais je me suis très bien remis de cette longue blessure parce que je fais une grosse saison derrière.”

Lors de la saison 2018/2019, vous inscrivez 9 passes décisives et 1 but en 26 matchs. C’est votre meilleure saison selon vous ?

“C’est ma meilleure saison, surtout que c’est la saison après ma longue blessure donc j’étais content. Il me semble que j’étais parmis les meilleurs passeurs décisifs du championnat, c’était une très belle saison.”

L’époque Covid arrive. Vous décidez de revenir dans votre région en portant les couleurs de Lyon La Duchère. Pourquoi ce retour en terre lyonnaise ?

“Après la saison où je fais pas mal de statistiques, plusieurs clubs me voulaient. J’allais pratiquement signer en Bulgarie, mais pour des problèmes financiers ça ne s’est pas fait. Alors, Lyon la Duchère s’est intéressé à mon profil. Pour moi, après plus de 3 ans dans le même club, c’était le bon moment pour partir. Revenir dans ma région était donc le bon compromis.”

Votre aventure ne dure qu’un an, c’est la première fois que cela arrive ? Quelles difficultés et différences avez-vous trouvé entre Cholet et Lyon La Duchère ? Pourquoi un départ aussi rapide ?

“Je pars rapidement parce qu’à ce moment-là, on est relégué et mon ambition était de continuer d’exercer en National. Entre les deux clubs il n’y a pas spécialement de changements puisque c’est le même niveau. La seule différence : j’ai souffert une nouvelle fois d’une pubalgie donc ça m’a un peu freiné.”

En 2021, vous rejoignez l’Occitanie du côté de Sète où vous faites une saison à plus de 25 matchs. Quel bilan faites-vous de ce passage dans le club héraultais ?

“C’est un bon bilan parce que j’enchaîne les matchs et c’est ce qu’il me fallait. Malheureusement, le club avait des problèmes financiers donc il a été rétrogradé dans un bas niveau. Mais le cadre de vie me plaisait bien, il faisait souvent beau et chaud, ce n’était pas loin de Lyon… On a tout pour jouer au football. C’est dommage surtout que le club mérite de revenir au plus haut niveau.”

En 2022, vous revenez dans le Nord à l’US Créteil, en National 2. L’ambition, était-il de rebondir dans un niveau inférieur avec plus de temps de jeu pour espérer marquer les esprits et attirer des clubs de National ?

“C’est exactement l’ambition et la vision sur ma carrière à cette époque. Mais il y a surtout l’appel du coach, Stéphane Masala, qui m’a beaucoup touché. C’est une personne extraordinaire. Il pue le football, il vit, il mange, il dort football. Quand on a ce genre de coach, on a envie de le suivre et de tout donner avec la motivation qu’il nous donne. Là aussi, il m’a fait confiance en me donnant du temps de jeu et surtout, avec lui, je me suis amélioré sur certains points. Malgré mon départ dû à des problèmes en interne, j’ai passé une bonne saison et je voudrais saluer l’intendant Franck et “Baba” le kiné qui a été souvent là pour nous.”

Cette année, vous rejoignez Saint Priest tardivement en septembre. Vous êtes actuellement 2ème, Êtes-vous en accord avec vos objectifs ?

“L’objectif est pour l’instant rempli parce que depuis le début, on veut monter en National 2, on travaille ça. Sur le court terme, on voulait finir dans les trois premiers à la trêve hivernale. C’est chose faite en étant deuxième avec deux matchs en retard sur les concurrents.”

Maintenant, au niveau personnel, vous êtes à 10 matchs toutes compétitions pour 2 buts, comment se passe pour l’instant votre saison ?

“La première partie a été compliquée pour moi, car j’ai rejoint Saint Priest tardivement. J’ai donc raté la préparation cet été et du combler ce manque par une préparation individuelle. J’ai commencé avec un coach sportif puis tout seul en attendant un club. Ma condition physique était moindre. Mais depuis mon arrivée dans le club, c’est plutôt correct, j’ai bien enchaîné les matchs. Pour continuer à rattraper mon retard, je n’ai pas pris de vacances et je continue à revenir à mon meilleur niveau.”

Ce week-end, en vous qualifiant pour les 8ème, vous avez battu le record du club en Coupe de France. Comment définiriez-vous le parcours dans cette compétition ?

“C’est un très beau parcours. On a eu la chance d’avoir eu un tirage qui nous à facilité la tâche même si je respecte les adversaires que l’on a affrontés. Mais la chance, il faut tout de même la saisir et c’est ce qu’on a fait. On est tombé contre Romorantin une équipe d’un niveau au-dessus, on a pris le match au sérieux comme les précédents. Que ce soit le staff technique et les joueurs, nous avons tous fait le boulot pour battre le record du club dans la compétition.”

Quel était votre sentiment surtout après une grosse victoire 4-1 contre Romorantin, équipe de N2 au tour précédant ?

“On a un sentiment de travail accompli parce qu’on a bossé toute la semaine pour pouvoir se qualifier. Je souligne le travail du staff qui avait bien analysé l’adversaire pour exploiter leur faiblesse en appuyant dessus.”

Selon vous, le petit poucet que vous êtes pour l’instant, veut-il dire quelque chose malgré la magie de la Coupe de France ?

“Oui, on nous considère comme ça parce qu’on est l’équipe qui évolue dans le plus bas niveau des équipes encore en lice. Mais une fois arrivé sur le terrain, on est tous pareil, 11 contre 11 avec un ballon. Ce qui prime pendant le match, c’est le mental, le physique, l’envie et rien d’autre.”

Ce 8e de finale ne pourra pas se jouer dans votre stade puisqu’il n’est pas homologué. On parle de le délocaliser à Bourgoin-Jallieu. Est-ce une déception de ne pas pouvoir affronter le VAFC dans une enceinte que vous connaissez ?

“C’est toujours une déception de ne pas jouer devant sa famille, son public et dans notre maison parce que c’est chez nous. Mais malgré la déception, on ne peut pas faire autrement pour accueillir une Ligue 2. Ce sentiment ne doit pas se voir sur le terrain et on doit le transformer en une force.”

Vous allez défier Valenciennes, pensionnaire de Ligue 2, comment allez-vous préparer cette rencontre ?

“Aujourd’hui, on a un match très important ce week-end et on ne pense qu’à ça. On connaît déjà le contexte d’être en 8ème de finale et de jouer une Ligue 2. Mais on sait que si on continue sur cette lancée en Coupe de France en mettant plus de pression, on peut faire des grandes choses : tenir et les emmener jusqu’à la séance de penaltys et chercher la qualification.” 

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