Fraichement réélu à la tête du district du Lot, Serge Martin a accepté de répondre à nos questions et de nous partager ses attentes et ses craintes sur l’avenir du football dans son département.
Pourquoi avoir choisi de vous représenter et quelles décisions prendrez-vous après votre réélection ?
Serge Martin : Mon premier mandat m’a permis de bien apprendre les rouages de la direction du District et ma réélection me permet de continuer les projets que j’avais entamé. Je souhaite toujours développer l’arbitrage, le rajeunir et le féminiser. Nous voulons aussi développer le foot-loisir et l’intégrer dans les calendriers pour permettre aux équipes de faire autre chose durant la saison. Pour les jeunes nous voulons mettre en place des journées en parallèle des championnats pour les équipes premières, des journées de compétions pour ne laisser personne sur le bord du terrain. Il y aurait plusieurs façons de jouer, que ce soit à 8 ou autrement, pour ceux qui n’ont pas les effectifs nécessaires par exemple. Enfin, nous parlerons du football féminin avec plus d’équipes dans le département, il faudrait qu’on ait plus de 11 équipes dans le championnat. Nous voulons aussi arrêter la mixité chez les jeunes pour faire des équipes uniquement féminines à partir des U13.
Quel est l’état du football dans le Lot ?
S.M.: Avant le Covid, nous comptons environ 6500 licenciés dans près de 60 clubs pour une population de 170 000 habitants. Ce qui nous situe dans la moyenne haute de la région. Malheureusement les résultats ne suivent pas encore, mais nous travaillons pour jouer plus haut que le R2. Les jeunes veulent jouer. D’autant qu’ils ont payé des cotisations dans des clubs, parfois très cher, et sont empêchés de jouer. Et à l’horizon, il n’y a pas de reprise en vue. Le jour où le préfet nous autorisera à reprendre les matches, nous pensons à mettre en place une sorte de Coupe du Lot ou d’autres tournois locaux.
Avez-vous des difficultés financières dues à la crise actuelle ?
S.M.: Le District du Lot n’a pas fait payer les frais lors des 4 mois de compétition. C’était un engagement de ne faire payer que les cotisations et les frais d’arbitrage. Cela conduit à des rentrées d’argent en moins cette saison et nous espérons que les aides continuent d’arriver. Pour le chômage partiel par exemple, cela nous permet de maintenir les 4 emplois au District. Si au mois de septembre la situation est la même, ce sera très dur pour certains secteurs. Ce que je crains, c’est que l’été fasse repartir l’épidémie à la hausse.
“Je crains l’abandon des dirigeants et des joueurs”
Serge Martin a encore du travail devant lui (crédits : District Lot)
Vos interlocuteurs à la Ligue ont changé, en êtes-vous satisfait ?
S.M.: Je connais déjà bien M. Dalla Pria et j’attends de voir son travail pour le juger. Nous sommes derrière lui pour travailler au mieux, mais je ne commenterai pas ce changement de présidence : ce qui m’importe c’est la Ligue et pas le nom qui est à sa tête.
Et à la Fédération aussi il y aura bientôt de nouvelles élections…
S.M.: Concernant la FFF, nous avons rencontré les candidats récemment et je sais déjà à qui va ma préférence. Le nerf de la guerre est bien entendu la question financière. Les clubs n’ont pas eu de dépense à faire dernièrement, mais la trésorerie de la saison prochaine dépend de lotos, buvettes et tournois qui ne peuvent actuellement pas se tenir Nous sommes dans l’incertitude concernant les mois à venir. Où va-t-on trouver l’oxygène pour faire vivre les clubs ? Il y a du manque à gagner à tous les niveaux. Même les droits TV en Ligue 1 qui ont été renégociés auront un impact négatif sur ce qui revient au foot amateur. Donc je m’attends à quelques années difficiles.
Quelles sont vos préoccupations premières en ce moment ?
S.M.: Je ne suis pas confiant sur la reprise. Malheureusement la vaccination n’est pas assez rapide et beaucoup de dirigeants et de joueurs se cachent. Par peur, beaucoup ne se déplacent plus même pour les commissions. Du côté sportif, les modalités financières et juridiques ne sont pas encore annoncées. Chez les jeunes on va connaître une perte importante de licenciés, mais on pourra limiter la casse si on fait un bon Euro et que Mbappé continue d’inspirer de nouvelles vocations. Mais ce que je crains le plus, c’est l’abandon de l’investissement des dirigeants et de certains joueurs. Tous les trentenaires et plus ont retrouvé un rythme de vie très calme, leurs épouses apprécient qu’ils soient plus souvent à la maison, le canapé est devenu plus agréable que de sortir courir sous la pluie le week-end… ça va être difficile de rappeler ces gens-là. C’est la grande question qui va me préoccuper ces prochaines semaines.